Cérémonie d'inauguration

du monument du Souvenir Français

(dimanche 29 août 1897)

 

   Suite à la défaite française de 1870 et la perte de l'Alsace-Moselle, le sentiment patriotique ne va cesser de croître dans les terres occupées (Alsace et Lorraine) mais aussi dans toute la France. Les tombes des soldats français morts au combat seront régulièrement fleuries et des offices seront organisés en leur honneur.

L'Alsacien François Xavier Niessen (1846-1919), réfugié en région parisienne et refusant l'annexion de sa terre natale par l'Empire Allemand, va créer la Société nationale du Souvenir Français.

Son but : maintenir le souvenir de la guerre de 1870 et les valeurs de la France et de la République.

Le succès est rapidement au rendez-vous et partout dans le pays sont érigés des monuments dédiés aux morts pour la patrie lors de la guerre de 70 mais rapidement étendu aussi à tous les morts dans les différents conflits impliquant la France (Afrique du Nord, Tonkin,...).

A Plaisance, c'est le capitaine en retraite Jean Claverie (1828-1894) qui fut le fondateur et le président du comité local de  la société du Souvenir Français. Il habitait rue de La Porte et fut l'instigateur du projet de monument au morts dédié aux victimes nées dans le canton de Plaisance. Il n'en vit malheureusement pas l'aboutissement.

C'est le Docteur Louis Labordère, membre du conseil municipal de Plaisance, qui lui succéda  et qui fut chargé de mener à bien le projet.

Maison Labordère à Plaisance du Gers Souvenir Français

La maison du médecin Labordère à Plaisance sur la place nouvelle, aujourd'hui place du 11 novembre.


    L'inauguration du monument eut lieu le dimanche 29 août 1897 en présence de M. Duprat, Sous-Préfet de l'arrondissement de Mirande, de M. le Commandant Cousin du 88ème régiment d'infanterie, de M. Léon de Laterrade président d'honneur du comité du Souvenir Français et ancien capitaine de la garde mobile de 1870, de  M. Letellier membre d'honneur et  lieutenant colonel en retraite au château de Jû-Belloc, de M. le  président et des membres du comité du Souvenir Français, de M. Quériaud, conseiller d'arrondissement, du conseil municipal au grand complet dirigé par le docteur Maur, de M. Clajac son adjoint, de tous les fonctionnaires et de pratiquement tous les maires du canton.

M. François Xavier Niessen, malade, ne put assister à la cérémonie.

Plaisance Gers Monument Souvenir Français 1897

Archives : collection privée Drioux-Labadie 

Les festivités commencèrent dès sept heures du matin place de la Mairie au son de la musique de l'école d'artillerie de Tarbes.

Après la messe de dix heures et le sermon patriotique du curé doyen Batisse, la foule fut invitée à rejoindre la place nouvelle, lieu d'implantation du monument commémoratif, pour écouter les allocutions non moins patriotiques de l'abbé Burgaran de Juillac, de MM. Labordère, Maur et Cousin, de M. le Sous-Préfet et de M. de Laterrade.


    A cette occasion, les jeunes artistes de la commune avaient consacré leurs efforts généreux à pavoiser notre église monumentale. Les murailles de l'enceinte disparaissaient littéralement sous les riches tentures rouge et or. Ce n'étaient partout que guirlandes, festons,  oriflammes aux couleurs les plus variées, faisceaux d'armes et drapeaux de France et de Russie* (source : extrait du compte rendu de la cérémonie  d'inauguration du monument du Souvenir Français à Plaisance du Gers le 29 août 1897 imprimerie nouvelle L. Daulon Aire sur l'Adour [B n F Gallica]).

* Nous étions à l'époque de l'Alliance Franco-Russe (1892-1917).

A neuf heures du soir eut lieu une illumination féerique avec embrasement de l'église orchestrée par A. Labadie et toujours accompagnée par la  musique de l'école d'Artillerie de Tarbes conduite par le chef Cazalis. Furent joués entre autres "La Marche Lorraine" et "Vous n'aurez pas L'Alsace et la Lorraine" témoignant du fort sentiment de revanche vis à vis de l'Empire Allemand. La place nouvelle sera d'ailleurs rebaptisée "Place Alsace-Lorraine" peu de temps  avant la première Guerre Mondiale.

   Le monument commémoratif, haut de près de quatre mètres, était l'œuvre de l'architecte M. Saint Germier. La pierre était issue des carrières des Baronnies exploitées par la société de M. Michaud. La statue en bronze représentant un soldat de la guerre de 1870, un genou à terre qui recharge son arme, a été réalisée par Durenne. Antoine Durenne (1822-1895) était un fondeur d'art français de renommée internationale. Il possédait une importante fonderie à Sommevoire en Haute-Marne et on lui doit de nombreuses œuvres dont deux des quatre chevaux en bronze du pont Alexandre III à Paris (sculpteur : E. Frémiet).

Une petite grille de protection fut adjointe au monument par la suite.

Monument du Souvenir Français Plaisance du Gers 1897 Baux Antonin

Le soldat surnommé  "Barthélémy" par les vieux Plaisantins


Souvenir français Plaisance du Gers Antonin Baux

La place Alsace-Lorraine en 1902 (cliché : Henri Bonnafont)

   

  L'emplacement choisi, à l'avant de l'église, quasiment au milieu de la place nouvelle, récemment baptisée place Alsace-Lorraine, donnait à l'ensemble architectural, un aspect monumental. Cela démontrait l'importance accordée au souvenir des soldats morts en 1870 et à l'esprit de revanche. Deux statues de la Vierge et de Jeanne d'Arc (la Bonne Lorraine) viendront parachever, quatre ans plus tard en 1901, le "triptyque" de la revanche: le soldat, la foi et la patrie (voir ci-contre à gauche).

    


     Ce monument commémoratif cantonal a malheureusement été démantelé au début des années soixante. Il ne reste plus aujourd'hui que la statue en bronze installée sur le nouveau Square du Souvenir. Ci-dessous, la liste nominative des morts pour la patrie qui se trouve au 1er étage de la mairie de Plaisance-du-Gers. 

Morts pour la France 1870 Guerre Franco-prussienne Tonkin Plaisance Gers