Plaisance, bastide comtale

 

  Le territoire de Ribaute (gascon signifiant: Rive-Haute en français ou Ripa Alta en latin) avec sa motte castrale et son hameau, que l'on peut considérer comme le Plaisance primitif, était situé sur la rive gauche de l'Arros à proximité d'un gué. Il appartenait au seigneur Jean de Ribaute de La Devèze. L'église du petit village, Sainte-Quitterie de Ribaute était sous le patronage des chanoines Prémontrés de l'Abbaye de La Case Dieu (Casa Dei) depuis le début du XIIème siècle. Ces derniers qui possédaient déjà plusieurs granges monastiques dans les environs immédiats ont eu pour projet d'établir un foyer de population sur ces terres qu'ils jugeaient propices. Ils achetèrent en 1299 des compléments de territoire au seigneur de La Devèze. 

    Après plusieurs années de tergiversations, au printemps 1322* fut conclu un paréage (contrat) bipartite entre l'abbé prémontré de La Case Dieu Vital de la Garde et le comte Jean Ier d'Armagnac. La construction put débuter autour du pal (mât) placé au centre de la future place de la ville. Le comte d'Armagnac, alors indépendant de la Couronne, saisit ainsi l'occasion de tenir tête aux deux bastides royales du Pardiac voisin récemment construites: Beaumarchès (1288) et Marciac (1298). La bastide fut baptisée du nom d'une ville italienne prestigieuse: Piacenza (Plaisance en italien). Cette première bastide, d'une superficie estimée à environ 8 ha, était comparable à celle de Beaumarchés (11 ha) mais bien plus modeste que celle de Marciac (27 ha).

Ci-dessous: le tracé de la bastide originelle en rouge.

*le paréage fut établi le jour de la fête de sainte Julienne (16 février).

   La partie Nord-Est de l'enceinte initiale longeait le ruisseau des Péjous appelé aussi "fossé vieux" emprunté plus tard par le canal de Cassagnac.

 Ravagée durant la Guerre de Cent-Ans (en 1355 par le Prince Noir), la bastide renaîtra de ses cendres mais "rétractée" avec une superficie divisée par quatre, beaucoup plus conforme au potentiel démographique de l'époque et surtout plus facile à défendre (enceinte en mauve sur la photo ci-contre).


   Après deux siècles de paix, les guerres de Religion viennent à nouveau affaiblir la petite cité qui se voit attaquée par les troupes protestantes de Jeanne d'Albret, mère d'Henri IV. Les huguenots béarnais avaient établi garnison à Castelnau et pillèrent la Rivière-Basse catholique, Plaisance notamment, durant l'année 1569. Sous le règne de Louis XIV, l'année 1653 fut aussi une année noire avec la terrible épidémie de peste qui frappa la Gascogne et où Plaisance perdit plus de 15 % de sa population.

Sur la carte de Cassini, ci-contre, on peut remarquer que la bastide, bien qu'accolée, est distincte du quartier de Ribaute au sud. Le moulin seigneurial ou banal est bien présent sur le canal de Rousset, rive gauche de l'Arros. 

Nous sommes en 1770 et le quartier des Péjoux ou Péjous (quartier de la maison de retraite aujourd'hui) est encore un petit hameau indépendant.


Le premier blason de la ville est constitué des deux agneaux et du chien.

A gauche:

Armorial général de France, Charles d'Hozier (édit de 1696).

A droite, la version moderne:

 


La porte Saint-Nicolas

Ci-dessous un croquis évoquant le Plaisance médiéval avec :

- les remparts sur trois côtés, l'Arros protégeant le quatrième,

      - la chapelle Saint-Nicolas,

      - la halle sur la Grand-Place,

      - les deux portes et le fossé qui ceinturait la ville.

 

Nota: la porte de l'ancienne église Saint-Nicolas est aujourd'hui utilisée comme porte d'entrée de la mairie de Plaisance (entrée Est côté Arros).


 Extra muros on trouvait :

       - le moulin du vieux Plaisance,

       - l'église paroissiale Sainte-Quitterie,

       - le vieil ospitàu, futur hôpital Sainte-Croix avec sa chapelle,

       - quelques maisons isolées,

       - le pont de bois qui enjambe l'Arros au niveau du gué. Il ne sera déplacé que plus tard.

 

On peut noter l'emplacement du Plaisance originel: "Ribaute".

 

       A côté du pont de bois, se trouvait un gué qui permettait d'atteindre la rive droite.

Dessin ou croquis de la bastide de Plaisance du Gers à la fin du moyen âge