Les ravages huguenots en Rivière-Basse

durant les guerres de Religion

 

    La proximité immédiate du Béarn alors dirigé par la reine de Navarre Jeanne d'Albret (1528-1572) acquise aux thèses réformistes (calvinistes) va faire de la Rivière-Basse un théâtre d'exactions et de représailles protestantes en réponse à la répression catholique ailleurs dans le royaume. La violence répondant à la violence dans un pays en pleine guerre civile.

Nous sommes sous le règne de Charles IX. Si les premiers troubles inter-religieux voient le jour vers 1562, c'est à partir de l'automne 1569 que les événements les plus tragiques survinrent dans notre contrée.

 Emmenés par les lieutenants de la reine de Navarre (le Normand Gabriel de Montgomery et le Béarnais Bernard d'Arros), les combattants  huguenots dévastèrent la Rivière-Basse principalement au cours des années 1569 et 1570.

   Ainsi, dès le mois d'octobre 1569, les troupes de Montgomery s'installent à Lafitole près de Maubourguet et ravagent la Bigorre au nord de Tarbes,  les  lieux de culte catholiques étant les cibles principales.  Les Huguenots entrent ensuite en Rivière-Basse et saccagent la ville de Marciac, le prieuré de Madiran, l'église de Soublecause, le monastère de Saint-Mont, l'église de Préchac, l'abbaye de Tasque, l'abbaye de la Case-Dieu et probablement La Devèze et enfin Castelnau, ville et château dans lequel le baron d'Arros établit par la suite sa garnison pour quelques années. Les protestants s'assuraient ainsi la possession du chef lieu du pays de Rivière-Basse exceptée la plaine de Mazères qui restait sous contrôle catholique.

Eglise de Mazères

Ci-dessus : l'église de Mazères à Castelnau fortifiée au cours des guerres de religion


Blaise de Monluc

Blaise de Lasseran de Massencome seigneur de Monluc dit Blaise de Monluc (1500-1577)

    C'est ainsi que pendant près de deux décennies, les habitants de Rivière-Basse vont vivre sous la menace permanente d'incursions protestantes. 

 

Face à cette situation, le lieutenant général de Guyenne, Blaise de Monluc né à Saint-Puy près de Condom, futur Maréchal de France alors à la tête des troupes catholiques va nommer le chevalier Jean d'Antras de Samazan (Saint-Justin en Pardiac), gouverneur de la ville de Marciac en charge de la défense des intérêts catholiques.

 

Lors de la nuit de Noël de l'année 1570, l'abbaye de Tasque fut une nouvelle fois victime des assaillants descendus de Castelnau. Elle fut à nouveau pillée, incendiée et à moitié détruite (voir photo ci-dessous).


 

Mais les Huguenots n'eurent pas toujours gain de cause, le chevalier d'Antras va mettre en pièces une compagnie de pillards envoyée par le baron d'Arros à Plaisance. Ces derniers avaient emplis quinze à vingt charrettes de meubles volés. Ils furent interceptés dans un bois entre Castelnau et Plaisance.  

 

Le massacre de la Saint-Barthélémy (déclenché le 24 août 1572) au cours duquel furent assassinés à Paris puis dans les grandes villes des chefs et des notables protestants ne fit qu'envenimer la situation.

 

Les Huguenots s'attaquèrent aux terres et possessions du Baron de Lengros qui fit appel à d'Antras pour les repousser. Ils volèrent du bétail à M. de Juilhac de Coutens (Beaumarchès). Ils furent, là aussi, poursuivis et châtiés.

    

L'église St-Pierre de Tasque mutilée puis  fortifiée  pour tenir le siège en cas de nouvelle attaque des Huguenots.


   Par la suite, les Pycoriens* prirent la ville de Beaumarchès et l'église avec en ligne de mire, l'abbaye de la Case Dieu et Marciac. Ils furent assiégés par d'Antras aidé de la population et furent obligés de se rendre.(*surnom donnés à l'époque aux protestants béarnais).

 

Fortement convoitée, parce que point stratégique, la ville de Beaumarchès dû se prémunir d'autres attaques. L'église Notre Dame qui date du XIVème siècle fut donc fortifiée à la fin du XVIème. On peut encore observer la construction, en saillie, de deux tours défensives adossée à la façade sud de l'édifice (voir photo ci-contre). On peut même noter la présence de latrines à l'angle des deux structures.

 


 Les catholiques ne purent rien lors de l'attaque de 1587 au cours de laquelle la vieille église de Miammouch, située à l'extérieur de la bastide sur la route de Bassoues et le château de Marseillan furent détruits 

 L'église de Coutens eut elle aussi à faire face à des attaques mais ne fut que partiellement endommagée.

 

Au cours d'un nouvel affrontement le chevalier d'Antras délogea des combattants protestants retranchés à Soublecause obligeant finalement le baron d'Arros à battre en retraite et à abandonner Castelnau (source : mémoires du Chevalier d'Antras).

 

   Le dernier épisode dramatique eut lieu en 1590 lorsque les Huguenots massacrèrent le Vicomte de Labatut et d'autres gentilshommes lors d'un mariage dans le château de Lassalle près d'Aignan.

 

     La gouvernance du roi Henri IV, fils de Jeanne d'Albret, converti au catholicisme, ramènera peu à peu le calme  mais c'est seulement en 1607 lorsque l'Albret, le Fezensac, l'Armagnac, la Lomagne et la Bigorre furent réunis à la couronne qu'une paix durable revint en Rivière-Basse.